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Dimanche 08/09/2013, 15:47
Côte d’Ivoire : la libération des pro-Gbagbo est un “chantage politique“ (Patrick Zasso) (ENTRETIEN)
Par Jorès TAH-BI
La libération provisoire des cadres du Front Populaire Ivoirien (Fpi, parti de Laurent Gbagbo) par la justice ivoirienne, est un chantage politique du gouvernement du président Ouattara, estime Patrick Zasso, ex-membre des patriotes pro-Gbagbo, ajoutant s’attendre à de “grands bouleversements“ sur la scène sociopolitique ivoirienne, dans un entretien à ALERTE INFO depuis son lieu d’exil.
Comment vivez-vous l'exil près de trois ans
Mon exil se passe très bien. Ces trois ans d’exil m'ont encore forgé davantage et cela me donne encore la force de croire à une meilleure cote d'ivoire pour demain
Pour vous qui avez très actif dans chez les patriotes pro-Gbagbo, l'exil ne vous éloigne-t-il pas finalement de la lutte que continuent de mener les autres pro-Gbagbo restés en Côte d'Ivoire?
Non pas du tout, au contraire l'exil forcé me forge ça m'a permis de comprendre encore plus le sens des crises que nous vivons. Que ce soit en Côte d’Ivoire ou partout en Afrique. Bien que je ne suis pour ce exil qui est intervenu après trop de morts dans notre pays. Mais cela m'a aussi permis d'échanger avec beaucoup de personnalités du monde politique. Que ce soit au Ghana ou ici en Europe ou je suis actuellement. Pour dire que la distance pour moi est un avantage qui me permettra de revenir en Côte d’Ivoire avec un esprit plus révolutionnaire mais réaliste.
A vous entendre parler, l’on dirait que vous avez très peu de liens avec les autres pro-Gbagbo en exil...
Nous nous parlons régulièrement. Nous parlons de l'avenir de notre pays. Etant tous des fils de la Côte d’Ivoire, nous sommes condamnés à avoir des liens très forts.
Quel commentaire faites-vous de la récente libération des cadres Fpi par la justice ivoirienne?
Moi je ne suis pas pour la promotion de la justice tribale. Si une justice existait en Côte d’Ivoire, Simone Gbgabo, Charles Blé Goudé et tous les autres prisonniers de la crise poste électorale serait libres. Cette supposée justice est un système de chantage politique d'un régime aux abois et qui a atteint toutes ses limites. Ceux que vous appelons prisonniers libres en réalité ne sont pas encore libres puisqu’ils sont encore contraint à un chantage honteux qu'on appelle liberté provisoire pour des gens à qui ont a imposé des violences. Ils ne sont pas encore libres pour moi. Je refuse de tomber dans le petit jeu du régime Ouattara.
Justement ne croyez-vous pas que cette mesure puisse bénéficier à Charles Blé Goudé et à Simone Gbagbo?
Moi je suis pour qu'on libère Simone Gbagbo et Blé Goudé ainsi que les autres purement et simplement. Dites-moi qu'est ce que Blé et Simone ont fait. Ce sont des victimes d'une violence qui a été imposée à la Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002. Les élections de 2010 n'ont été qu’un prétexte pour achever le complot. Vous savez je ne suis pas étranger à cette comédie électorale imposée par Ouattara et ses allies. J'ai été au cœur des ces élections. Je sais ce qui s'est passé donc je demande qu’on libère les prisonniers sans chantage.
La libération des pro-Gbagbo ne vous incite donc pas à un retour en Côte d'Ivoire?
Ma priorité n'est pas un retour en cote d'ivoire et je voudrais le dire à qui veut l'attendre. J'ai vécu au Ghana et maintenant en Europe. C’est un apprentissage pour moi. Je ne retournerai pas dans un pays où des chefs de guerre et des mercenaires font la pluie et le beau temps. J’aspire à un retour à la vraie démocratie et au respect des droits de l'Homme. Je retournerai en Côte d’Ivoire lorsque ces conditions seront réunies.
Vous êtes un transfuge du camp Ouattara que vous avez quitté entre les deux tours de la présidentielle de 2010. Ne regrettez-vous pas aujourd'hui d'avoir fait un tel choix?
Vous savez, je suis un homme qui croit beaucoup en Dieu. Dieu m'a retiré au moment opportun du Rdr car il ne voulait pas que mes mains soient souillées du sang des innocents. La seule douleur que j'ai et qui me donne la force de tenir ce sont ces innocents tués de la manière la plus violente et lâche. Je n'ai pas de regrets d’avoir quitté le camp Ouattara. Mon ralliement à Gbagbo est l’expression d’une conviction et c’est pourquoi j'irai jusqu’au bout de ce que Dieu a voulu
Enfin comment voyez-vous l'évolution de la situation sociopolitique en Côte d'Ivoire dans les mois à venir?
Je reste convaincu qu’il y aura de grands bouleversements. Regardez ce qui se passe actuellement au Pdci. Deux camps s'affrontent. Certains attendent que le Rdr et Alassane Ouattara renvoie l'ascenseur au Pdci qui, sous la pression de la communauté internationale lors du premier tour a laissé passer Ouattara alors c'est ce parti qui est arrivé en seconde position. Il y a aussi le camp Ouattara qui chaque jour crée les conditions de sa propre chute en maintenant en prison le couple Gbagbo, Charles Blé Goudé et de nombreux autres Ivoiriens. Il y a enfin le front social qui va finir par exploser et anticiper la chute du régime Ouattara. Les mois à venir seront décisifs pour nous tous.
JOT
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